Achevé
Avec ce travail photo, la frontière entre portrait et la sculpture est poreuse. Le corps humain est complètement caché, emmitouflé, recouvert d’un tissu similaire à celui du fond. Il se fait oublier au profit de la forme qu’il produit. Le corps joue avec le textile afin de créer des postures non définies ; des formes apparaissent évoquant des sculptures de l’histoire de l’art antique et moderne : une Vénus de Milo, une sculpture d’Henri Moore ou de Brancusi… Un vocabulaire sculptural se construit : amplitude du mouvement, tension, drapé. On assiste à la formation de la matière qui se plie, et dont le mouvement est arrêté par la photo. La légitimité du choix du mouvement est néanmoins remise en question par la possibilité de l’instant prochain ou précédent qui aurait pu aussi être figé. A son tour, confrontée à la sculpture, l’ambiguïté de la photographie est littéralement assumée par le corps caché, une présence voilée, ou une absence recherchée. Tourner autour d’une sculpture permet de prendre pleinement possession de ses volumes. La photographie constitue ici un travail de sculpture par la lumière. L’ombre et la lumière accentuent le volume dressé devant nous, pour le détacher du fond.